Le viol conjugal : victime malgré moi

Il est des questions sociétales dont il est encore tabou aujourd’hui. Le viol au sein du couple en est une.

La raison ? Les relations sexuelles constituent ce qu’il y a de plus intime de la sphère privée. Poser le mot « viol » sur une relation non consentie avec sa moitié, paraît alors difficile. C’est la raison pour laquelle, peu de femmes se rendent finalement compte qu’elles sont victimes et encore moins osent porter plainte contre leur partenaire.

Cette prise de conscience est d’autant plus difficile, que certains pensent encore aujourd’hui que les relations sexuelles sont obligatoires dans le couple, par référence au fameux « devoir conjugal ».

Dès lors, si les violences conjugales commencent a revêtir une importance considérable, il en reste que le viol constitue encore au contraire un tabou dans les violences faites aux femmes…

Que dit alors la loi ?

Le viol est un acte sexuel non consenti, avec pénétration, de quelque nature qu’elle soit, sur la personne d’autrui.

La loi distingue quatre hypothèses de réalisation de l’acte qui doit être commis par (article 222-23 du Code pénal) :

  • violence,
  • contrainte,
  • menace,
  • ou surprise,

Dès lors qu’un des critères est rempli, le viol est constitué et revêt la qualification  de crime.

La chambre criminelle de la Cour de cassation, dans une décision du 11 juin 1992 a pu affirmer que : « la présomption de consentement des époux aux actes sexuels accomplis dans l’intimité de la vie conjugale ne vaut que jusqu’à preuve du contraire ».

Depuis 2006, le fait que le viol soit réalisé par son partenaire constitue une circonstance aggravante et fait encourir à l’auteur 20 ans de réclusion criminelle – article 222-24 du Code pénal :

  • « 11° Lorsqu’il est commis par le conjoint ou le concubin de la victime ou le partenaire lié à la victime par un pacte civil de solidarité».

Comment savoir si j'ai été victime d'un viol conjugal ?

La principale difficulté réside dans le fait que l’auteur n’est rien d’autre que le partenaire. La ligne peut être fine entre relation consentie et acte forcé. Pourtant, dès lors que l’on n’exprime pas clairement l’envie d’avoir un rapport sexuel, le viol est possible si ce choix n’est pas respecté.

La première chose à garder en tête est que ce n’est pas parce que l’on dort dans le même lit, que cela signifie consentir à tout d’avance. Personne ne doit donc vous toucher la nuit pendant que vous dormez. Beaucoup trop de femmes cèdent encore sous l’insistance de leur partenaire, notamment parce qu’elles se disent que cela est normal vu qu’elle entretienne avec lui une relation amoureuse. Il faut cependant accepter qu’il se peut que vous n’ayez pas envie de l’autre au même moment.

Encore, un  « non » peut se transformer en « oui » et un « oui » en « non » le moment venu et c’est OK !  Mais le « non » doit rester un « non » si tel est votre choix, car céder ce n’est pas forcément consentir !  

En effet, insister pour obtenir de vous un acte sexuel n’offre pas un consentement satisfaisant. A contrario, être d’accord à un moment T, ne signifie pas non plus être d’accord pour toutes les autres fois !

Quoi qu’il en soit, votre partenaire se doit de respecter votre choix quel qu’il soit. Il ne s’agit de rien d’autre qu’une preuve de respect.

La meilleure façon de respecter le choix de l’autre reste encore de poser des questions à l’image de : « est-ce que tu veux aller plus loin ? », « est-ce que tu en as vraiment envie ? », « est-ce que tu veux que l’on continue ? »…

Alors :

  • ne cédez pas au chantage, au harcèlement ou à la culpabilisation,
  • n’acceptez pas des pratiques que vous ne voulez pas,
  • ne vous forcez pas ! Vous n’êtes pas une femme-objet cantonnée à satisfaire sexuellement votre partenaire.

Et n’oubliez pas : votre corps vous appartient !